Nikolas Fouré – Vera Molnar – Renaud Perriches
 

Nikolas Fouré – Vera Molnar – Renaud Perriches

Abstraction et conceptualisation marquent cette exposition de l’automne 2019. Les trois artistes réunis ici ont en commun de mettre en place des principes de création et de les questionner dans un même élan. Partant d’objets ou d’éléments visuels simples, ils en jouent par combinaison, enroulement, superposition, effacement, brouillage… ouvrant leurs œuvres à l’imprévu et à l’impensé.

Nicolas Fouré, Un peu nuage, 50 x 65 cm

Nicolas Fouré, Mesurer les nuages, 2019, serigraphie, 100 x 70 cm

Nikolas Fouré

Nikolas Fouré est né en 1976, il vit et travaille à Rennes et à Clermont-Ferrand. Il est Maître de Conférences en Arts Plastiques et Visuels et enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand. De nombreuses expositions et réalisations jalonnent son parcours, notamment en 2014 au Quartier à Quimper (Project room), au Triangle à Rennes (2006) et régulièrement à la galerie des Petits Carreaux (Saint Briac) qui le représente. Nikolas Fouré est l’auteur d’Untitled (2010) piscine des Gayeulles à Rennes ; Champs de vision (2018) collège des Sables Blancs à Concarneau ; Oïkos (2012) collège Lucie et Raymond Aubrac à Plouagat-Chatelaudren.

L’horizon des évènements, En l’espace d’une distance, Ondée, Un peu nuage, carte … les titres des œuvres et des expositions de Nikolas Fouré font état d’une attention portée au paysage et à la nature, ou plus précisément aux relations qui se nouent entre un être vivant et son environnement. Utilisant pour ses dessins et ses installations les matériaux des plus communs, stylo-bille, rouleaux de scotch, papiers d’emballage, sucettes, bobines de fil à coudre, tesselles… c’est par la mise en œuvre de techniques et de procédures de type numérique – unités, multitudes, séquences et répétitions – que Nikolas Fouré organise le déploiement d’une œuvre dans laquelle les territoires de la technologie et de la nature interagissent. Prendre et restituer la mesure d’un déplacement de la lumière en un millième de seconde (Une milliseconde de lumière, 2016) ; superposer 3000 dessins d’entrelacs tracés chaque jour pendant dix ans (Ciel, fond bleu – rangé – partition IX, 2018) ; faire pleuvoir un nuage de chiffres de 1 à 10 000 (Ondée, 2019) nous marque par la valeur performative du geste, et tout autant par le désir qui s’y rapporte d’une expérience sensible au monde considéré jusqu’en ses dimensions les plus extrêmes, infinitésimales et infiniment vastes.

Vera Molnar, 2007-2013

Vera Molnar, 1977-2015

Vera Molnar

Née à Budapest en 1924, où elle suit des études d’art de 1942 à 1947, Vera Molnar s’installe à Paris un an plus tard. Les recherches qu’elle conduit dès 1969, concernant les implications de l’ordinateur et des algorithmes dans l’art, la placent parmi les précurseurs de l’art digital. La reconnaissance internationale dont son œuvre fait l’objet s’est traduite par d’importantes expositions : Moma de New-York, Musée de Rouen, Centre George Pompidou de Metz…Le MuDA (Musée d’art digital) de Zurich expose son travail jusqu’en février 2020, ainsi que la galerie Aller simple à Longjumeau (13 octobre-17 novembre 2020, avec Torsten Ridell). Vera Molnar est représentée en France par la galerie Oniris, Rennes et par la galerie Berthet-Aittouares, Paris.

« Je n’invente pas des systèmes enfermée chez moi devant ma table et ma lampe, je me laisse influencer par des choses que je rencontre dans la rue (…) papiers froissés, des trucs tombés par terre, une feuille qui bouge… » (Entretien avec Odile Aittouarès – Inzerillo)

La vibration du vivant est en effet palpable dans cet art de la ligne nette et de l’aplat tranché. Les sensibilités de la main et de l’esprit confiées dès les années 70 aux traceurs et aux outils de l’informatique ne se sont pas asséchées dans un formalisme distant. La logique combinatoire et rhizomique de son travail s’est accordée à un état d’esprit libre et poétique entretenu par une pratique des carnets dans lesquels notes et dessins compilent au jour le jour des micros-évènements appelés à faire œuvres. Les déclinaisons autour du M présentées notamment dans cette exposition sont issues d’expérimentations et d’observations, millimètre par millimètre, de l’inclinaison d’une ligne entre deux verticales. M comme Molnar et Mondrian, dans un détachement « des codes de la culture visuelle non pas avec un dogmatisme religieux mais à partir d’un ascétisme joyeux » (Géraldine Gourbe)

Renaud Perriches, Closing World (detail), 2018, 167 x 94 cm

Renaud Perriches, AVM, 2018, Peinture sur acier, 75 x 46 cm

Renaud Perriches

Renaud Perriches est né en 1982, il vit et travaille à Douarnenez. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 2007, Il est en 2010 à l’initiative du projet Moinsun. artist-run-space qui pendant plus de 5 ans servira de tremplin à une génération de jeunes commissaires. Son travail a été présenté lors des expositions personnelles Dominus Tonus, Paris 2018 ; A grotto, ExoExo, Paris 2015 et Interior desire, NuN, Berlin 2013. Il a participé aux expositions collectives Curves are so emotional, Shelves, Paris 2017 et Plus jamais seul, Standards , Rennes 2015.

Le processus de création de Renaud Perriches fait explicitement référence à la production industrielle et à la perception qui s’y rapporte. Rivets, tôles et cornières métalliques sont assemblés dans un souci de grande précision technique et d’immuabilité. Exempte des variations de tension comme des imperfections de surface inhérentes à la toile ou au bois, l’oeuvre gardera trace de cette mise à distance initiale. L’usage de bombes de peintures métalliques et de pochoirs adhésifs découpés au scalpel, la netteté des lettrages typographiques et des symboles gravés pourraient suggérer, au premier regard, une forme de fascination/adhésion au matérialisme standardisé. Pourtant, quelque chose s’immisce qui contredit et déconstruit cet ordre. Menacées dans leur lisibilité par un brouillard sous-jacent, les figures archétypales de la peinture géométrique se détachent des pures propositions formelles. Fonctionnant à la manière de signes elles font échos aux inscriptions du contour latéral des œuvres : terminologie, symbolique et références philosophiques laissent entrevoir une dimension sombre, un inconscient de l’œuvre qui mine sa matérialité stricte.