Bόtoulas – Boulaire – Gouret – Horn – Larrière
 

Vasilis Bόtoulas – Jean-Michel Boulaire – Eric Gouret – Birte Horn – Sylvain Larrière

En ce printemps 2022, la galerie Plein-jour réunit cinq artistes établis en Allemagne (Birte Horn), en France (Jean-Michel Boulaire, Eric Gouret, Sylvain Larrière) et en Grèce (Vasilis Bόtoulas).

Portant une attention intense et rigoureuse sur tout ce qui les entoure – emballages en carton, spectre solaire, vestiges architecturaux issus de la guerre – leurs œuvres se tiennent, à titres divers, dans une étonnante clarté : celle, peut-être, qu’émet toute chose réellement vue, par-delà la cécité de l’habitude. Ici, tout semble avoir été rejoué, recomposé, renouvelé : œuvres possibles parmi les infinis possibles qui nous sont donnés, elles témoignent d’un étonnement vivifiant et communicatif.

Exposition du 9 avril au 21 mai 2022.

Vasilis Bόtoulas

Vasilis Bόtoulas est né à Athènes, en Grèce, en 1976. Depuis une dizaine d’années, il vit et travaille à Neos Voutzas, une région située entre Marathon et Athènes qui a été dévastée par un incendie de forêt catastrophi-que en 2018. Cet événement a profondément affecté sa pratique artistique. D’une certaine manière, son travail est une tentative de guérir les blessures causées par l’incendie au royaume animal, végétal et humain à la fois.

Vasilis Bόtoulas

Vasilis Bόtoulas

Vasilis Bόtoulas

Sans titre, encre sur papier, 13 x 21 cm, 2022 est une étude de lignes réalisée, précise Vasilis Bόtoulas, « sur un petit sac en papier brun provenant de ma boulangerie locale. Le sac contenait un croissant à la confiture de myrtille qui a fourni le carburant nécessaire pour réaliser le travail. »

Une autre encre sur papier de 2021, La nuit tombe en Bolivie, le peuple est fatigué, 14 x 14 cm, s’inspire du Wiphala (drapeau) multicolore des peuples des Andes dont il reprend le même patchwork carré 7×7 mais qu’il dessine à l’encre noire, en écho à la gravité de la situation :« J’espère qu’il s’agit d’un petit hommage aux indigènes et à leur lutte pour les droits humains fondamentaux. »

On le voit, l’attitude de Vasilis Bόtoulas réduisant ses moyens matériels et expressifs à leur plus stricte économie, ne traduit ni pusillanimité ni posture de retrait. Murmurant des œuvres patientes et attentives, l’artiste interroge et documente, sous l’apparente neutralité de ses réalisations, nos relations personnelles et collectives au monde. Les silhouettes de mobiliers plus ou moins tronquées qu’il figure parfois, précisent un peu plus ses préoccupations : le réel et le quotidien.

Jean-Michel Boulaire

Jean-Michel Boulaire est né en 1971 à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Il vit entre Paris et la Bretagne. Après des études d’histoire de l’art à l’Université de Rennes 2, il s’installe à Paris ou il expose ses premières œuvres, dessins et eaux-fortes d’inspiration surréaliste, dans le cadre d’ateliers et de collectifs d’artistes. Des travaux en volumes figurent à partir de 2014 dans ses expositions personnelles ( Lyon, galerie Sans Titre n°42 en 2014 ; St-Germain-en Laye, Centre culturel  La Clef en 2015),. En 2017 il reçoit une commande de OGIC dans le cadre du programme « 1 immeuble, 1 œuvre ». et réalise en 2021 les premières fresques sur ciment de la série « Mnémo techniques » toujours en cours.

Jean-Michel Boulaire

Jean-Michel Boulaire

Jean-Michel Boulaire

Ne pas être quelque chose pour s’offrir la possibilité d’être tout le reste (Jean-Michel Boulaire)

La série Monolype illustre parfaitement la démarche de Jean-Michel Boulaire et les interactions entre les mots, la forme, la matière, la fonction.

Volumes en deux dimensions, massives et frontales ces masses n’en sont pas moins aériennes et flottent sur le papier, en dehors de tout contexte et sans rapport d’échelle, ces absences les rendant ainsi à la fois monumentales et accessibles.

Leur géométrie très soulignée et leur forte matérialité en font autant des dessins, des sculptures, des architecturaux que des minéraux. Leur apparente rigueur n’est qu’illusion, ce sont principalement des formes impossibles. La technique du monotype laisse une belle part au hasard et pourtant chaque tirage a nécessité une préparation longue et minutieuse.

Eric Gouret

Eric Gouret est né en 1971 à Saint-Nazaire. Il vit et travaille à Nantes. Diplômé (DNSEP) en 1997 de L’École Régionale des Beaux-arts de Rennes, il a présenté son travail dans de multiples expositions collectives et personnelles dont, en 2019 Dé re ré, domino au MAC Val de Vitry-sur-Seine et à Entre-deux, à Nantes. Il présente en 2021 Oxy à la galerie du Lycée Camille Claudel de Blain et A plus ou moins 1 KM à la galerie du Lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire. Le travail d’Eric Gouret figure dans plusieurs collections publiques ( Musée des Beaux-Arts de Locle, Suisse, Bibliothèque Nationale de France…) et a fait l’objet de diverses commandes publiques ( Bayonne, Savenay, Thouars…)

Eric Gouret

Eric Gouret

Eric Gouret

Les œuvres d’Eric Gouret remploient à l’envi des pratiques créatives liées à l’enfance dans la perspective de les confronter à des perspectives plus conceptuelles. (Stéphane Malfettes, Les cartes en main, édition Dé-re-ré, 2018)

Pour la série des absorbés mise en œuvre en 2018 et complété pour cette exposition, Eric Gouret a disposé verticalement, sur papier ou sur contre-plaqué, des stylos feutre. Maintenus par de petits dispositifs provisoires, ces « réservoirs de couleur » vont diffuser leur encre pendant des heures ou des jours. L’artiste initie puis met un terme au processus de dessin, mais c’est au hasard et aux caractéristiques techniques de chaque encre – plus ou moins fluide et miscible – qu’il s’en remet pour que s’organisent, se répartissent et s’interpénètrent les formes et les couleurs.

A rebours des artistes tachistes qui ont le plus souvent privilégié la vitesse d’exécution, c’est par la lenteur qu’Eric Gouret abandonne tout contrôle et laisse l’œuvre à sa propre vie. Évocatrices des billes chatoyantes de l’enfance, buvards magiques, ces compositions relèvent d’une encromancie (art divinatoire) ludique et joyeuse et d’un avenir qui reste à déchiffrer.

Birte Horn

Birte Horn est née en 1972 à Düsseldorf, elle vit et travaille à Blaubeuren en Allemagne. Elle a étudié l’art à l’université Folkwang d’Essen, puis la philosophie à l’université Heinrich Heine de Düsseldorf. Parallèlement à ses recherches personnelles, elle se consacre à des missions d’enseignement dans des écoles d’art, à Ulm et Neuss notamment. Distingué en Allemagne par de nombreux prix et bourses depuis 1995 ( prix Kunstverein Neu-Ulm en 2005) le travail de Birte Horn a fait l’objet de multiples expositions collectives et monographiques dont la plus récente, Keep it going, s’est tenue en 2021 au musée d’Engen, en Allemagne.

Birte Horn

Birte Horn

Birte Horn

Il est fascinant de suivre le cheminement qui a conduit Birte Horn à s’émanciper, sans jamais la renier, de la peinture sur toile. Méthodiquement et avec une grande conscience des moyens qui se présentaient successivement à elle, l’artiste à réinterprété son vocabulaire de peintre en soumettant les éléments les plus concrets du tableau – la toile, le châssis, la matière – au processus de fragmentation/reconstruction caractéristique des espaces urbains, complexes et instables, dont elle s’était fait, jusque là, le chantre.

Découpant et recousant des fragments de ses propres œuvres, déformant la toile par des éléments cachés ou l’abandonnant purement et simplement au profit d’emballages cartonnés ou de catalogues d’échantillons de couleur, l’artiste a traduit dans le langage de l’art concret ce qui figurait déjà sur ses toiles : une réalité jamais donnée d’un bloc, impossible à circonscrire par des repères tels que le haut et le bas, le recto et le verso,le plein et le vide, mais que le jeu et l’expérimentation ont ouvert à une possible unité, une possible stabilité.

Sylvain Larrière

Sylvain Larrière est né en 1962. Il vit et travaille à La Roche Jaune, dans les Côtes d’Armor. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions individuelles, notamment en 2018, à la Galerie les Yeux Fertiles à Paris puis en 2020 à la Galerie IMOJA à Rennes. En 2020 puis en 2021, le Palazzo LOREDAN, Palais des Arts, des Sciences et des Lettres de Venise (Italie) l’a présenté dans le cadre de la Venice Glass Week. 

Sylvain Larrière

Sylvain Larrière

Sylvain Larrière

Inactives, c’est-à-dire closes, les sculptures de Sylvain Larrière sont des coques, des coffrets, des boites dont elles empruntent la structure protectrice et géométrique. S’y combinent angles et formes arrondies, emboîtement et superpositions de volumes auquel s’ajoute un support tantôt long, gracieux et effilé, tantôt minimaliste et brut comme une cornière de métal.

Blanches, noires ou en couleurs, bicolores parfois, ces œuvres sont le plus souvent dotées d’un mécanisme d’ouverture que l’on relève à peine, indice pourtant d’un monde prêt à naître.

Ouvrons les, en effet, ces sculptures-coques : métal et verre, lentilles optiques et lumières s’animent, monde cinétique et poétique d’harmonies en rotation, d’éclats colorés, de cliquetis légers et doux comme un murmure de machine ou de fond d’univers …
Sylvain Larrière nous fait découvrir «  la vie, sa mécanique tendre, les organes, les soufflets, les outils de clarté. L’enclume au fond glorieux de la forge élémentaire. Les mouvements perpétuels du jour à la nuit, de la nuit au jour, du jour à la nuit. » Joël Bastard, La pudeur mécanique.