Camille Girard – Paul Brunet
 

Camille Girard et Paul Brunet

Camille Girard et Paul Brunet, Le coquillage et la sculpture, 2017, Encre sur papier

Camille Girard et Paul Brunet, Sculpture, 2013, Encre de Chine sur papier, 21 x 29,7cm

Camille Girard et Paul Brunet, Virginie, 2014, Aquarelle sur papier, 100 x 125 cm

Camille Girard et Paul Brunet, Jardin, 2012, Encre de Chine sur papier, 100 x 125cm

Camille Girard et Paul Brunet, Les amis, 2013, Gouache sur papier, 90 x 100cm

Camille Girard et Paul Brunet sont diplômés de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Quimper en 2008. Depuis leurs diplômes, ils ont mis en commun leurs pratiques artistiques personnelles, pour un seul et même travail, ils co-réalisent et co-signent leurs œuvres. On peut résumer leur travail à celui du dessin, même si le dessin revêt pour eux de nombreuses possibilités et se prolonge dans d’autres formes : installations, volumes, performances.

Après leur sortie des Beaux-Arts de Quimper, ils ont exposé leur travail en France, en Finlande et au Canada, lors d’expositions monographiques, collectives et de résidences. Citons notamment Mains D’Oeuvres, Saint-Ouen en 2017 ; l’Art Chemin Faisant, Pont-Scorff en 2015 ; Le Quartier, Quimper en 2014 ; Äkkigalleria 15, Jyväskylä, Finlande en 2012. En 2013, ils étaient sélectionnés pour le 58ème Salon de Montrouge. En ce moment ils préparent une exposition pour le Frac des Pays de la Loire qui leur consacrera en 2018 une exposition individuelle dans le cadre des Instantanés.

Et puis Camille Girard et Paul Brunet ont décidé de ne plus faire qu’un. De créer quelque chose qui ne serait pas une addition, 1+1, mais une sorte de naissance : Camille Girard-Paul Brunet, artiste. Voilà.
Peut-être qu’ils échangeraient leurs yeux, leurs mains, leurs rêves, leur temps si c’était possible… Sur le papier en tout cas, c’est tout comme.

« On nous demande souvent qui fait quoi ? L’un de vous dessine et l’autre s’occupe de la couleur ? Mais non, les tâches ne sont pas séparées. D’après nature, à l’œil ou à partir de photographies, nous dessinons en même temps, sur la même feuille quand le format le permet ou chacun à notre tour, n’hésitant pas à repasser sur les traits de l’autre et à les corriger. L’idée c’est de décider ensemble, discuter, se mettre d’accord ou pas, s’en remettre à l’autre, donner du temps, ne pas revendiquer chacun une chose différente mais proposer deux mondes, deux visions qui ne font plus qu’une. »

Comme ils aiment les chats, les jouets, les CD, les jardins, les livres, les œuvres des copains, les figurines et plus généralement tout ce qui peut encombrer une maison, ils en ont plein et ils les dessinent. Ils les peignent plutôt, en gris ou avec des couleurs, très vives. Ils ont des pinceaux minuscules, de loin on dirait des dessins. Ou des photos. Ou quelque chose entre tout ça.

Ils font des niches aux maîtres anciens. Un Playmobil fait le portrait d’Albrecht Dürer. Ou son auto-portrait : La figurine est à l’effigie du peintre.
Camille et Paul sont tout nus dans le jardin, on pense au Déjeuner sur l’herbe de Manet. Paul a gardé sa casquette. Camille n’a pas l’air très à l’aise. Bizarrement elle dit en anglais que la vie n’est qu’une situation, la vie n’est qu’un jeu, la vie n’est qu’un tourbillon. « A Wirlpool ». Peut-être une machine à laver, alors… On ne comprend pas toujours très bien.

Il y a une sorte de carte d’anniversaire, le petit garçon nous vise avec son révolver.
Même quand il y a beaucoup d’objets, on ressent une sensation de vide et de silence. Comme dans la maison de Paul et Camille. Sur un dessin qu’ils ont fait de chez eux, on voit la tête de Paul. Il nous regarde en souriant depuis la porte fenêtre. Pourquoi porte-il un masque ?

En fait il y a quelque chose de profond, même quand c’est amusant. Mélancolique parfois, surtout le sac avec la marque enfance écrit dessus.
Ils passent tout leur temps à regarder ; des choses qu’on ne remarque jamais comme les brins d’herbe ou les bouquins sur les étagères, ou les détails infinis d’un coquillage. C’est très beau avec les traits délicats et l’encre.

Ils n’auront pas trop de deux vies pour visiter tout ça.

Jean-Pierre Le Bars, septembre 2017