Yves Doaré – Alexandre Hollan – Philippe Jaouen – Jean-Pierre Le Bars – Guy de Malherbe
PAYSAGE
La forme ne s’accorde pas facilement mais l’Œuvre est souriante
les aiguilles de l’horloge ont fondu dans l’or de l’instant
Un cheval de trait immobile au milieu d’un pré et le chant des fauvettes . L’Œuvre est souriante
Patience et douleurs des corps, de terre, d’eau de feuilles et de roches, de bocages, de coteaux
avènement d’une beauté qui n’entrait pas dans le dessein du paysage
L’Œuvre nous sourit.
Jacques Vincent
30minutesdinsomnie
Yves Doaré
Peintre et graveur, Yves Doaré est né en 1943 à la Roche-Bernard. Après des études de sciences et l’obtention d’un diplôme d’ingénieur biochimiste, il se partage entre son métier d’enseignant et une pratique assidue du dessin (cours du soir de l’atelier Jean Delpech entre 1969 et 1970). Puis il décide de se consacrer entièrement à l’art, et tout particulièrement à la gravure sur cuivre. De 1976 à 1978, il est pensionnaire à la Casa Velàzquez à Madrid. A son retour il s’installe à Quimper. Son travail connaît alors une forte évolution : peinture et gravures sur bois se libèrent de toute contrainte. Dès lors peut s’établir un dialogue extrêmement fécond et personnel avec l’histoire de la peinture, les dessins d’enfants, la nature…
Les paysages présentés ici relèvent donc d’un avant et d’un après : Les patients dessins, les gravures foisonnantes de traits et de demi-teintes des années 70 /80 et, en parallèle, les envolées chromatiques, alertes et vives des œuvres toutes récentes. La grande vitalité de l’oeuvre s’exprime quelles que soient les périodes et l’état d’esprit de l’artiste et c’est un même souffle, aimant et emphatique, qui anime les arbres, les rochers et les cieux d’ Yves Doaré.
Alexandre Hollan
Alexandre Hollan est né en 1933 à Budapest. Dès ses plus jeunes années, l’artiste s’imprègne de la nature hongroise et d’heures solitaires et contemplatives. C’est en France, à partir de 1956, qu’il étudie les arts, à l’école des Beaux-Arts de Paris puis à celle des Arts Décoratifs. Graphiste, il réduira progressivement le temps consacré à cette profession pour ce consacrer pleinement à la recherche artistique.
C’est dans la nature et « sur le motif » qu’il travaille, en voyageant puis en resserrant au fil du temps son champ d’observation : Depuis 1984, ce sont les environs de sa petite maison dans l’Hérault qui suffisent à son inspiration. Face aux arbres ou aux objets les plus humbles, l’artiste perçoit toujours plus intensément l’espace et la vibration « … d’un monde invisible, impossible à toucher, uniquement peut-être par la respiration. »
Encres et fusains rapportés de ses séjours estivaux dans le en midi ou issus de l’atelier parisien se déclinent sur des formats qui s’élargissent parfois jusqu’à deux mètres sur trois. « L’arbre grandit, nous luttons, nous jouons. Puis à partir d’une certaine dimension, mes bras ne sont pas assez longs pour aller d’un bout à l’autre de la toile. Le rapport de force s’inverse. Je suis dans l’arbre. Je sais qu’il est plus grand que moi, qu’il fait un peu ce qu’il veut. »
Philippe Jaouen
Philippe Jaouen est né à Ergué-Gabéric, en Finistère. Il a 49 ans et est résident au foyer Esat des genêts d’or de Saint-Pol-de-Léon depuis 1990.
Présenté au printemps 2017 à la galerie Plein-jour dans le cadre d’une exposition d’art brut, son travail avait marqué les esprits par ses qualités picturales. Il apparaissait de cet art des couleurs et des compositions, de ces jeux d’espaces complexes et spontanés, que Philippe, tout simplement, était à compter dans la catégorie des peintres, et de première force.
Mais des paysages ? Certes, ces œuvres colorées, bigarrées et pleine d’allant, parfois sombres et denses aussi, ne procèdent pas d’études sur le motif. Il n’y a pas à proprement parler d’interprétation de la nature. Pourtant, comment ne pas évoquer les bocages, les vallons, les chemins dans ces paysages intérieurs pleins de rythmes et tout ouverts au monde ?
Jean-Pierre Le Bars
Jean-Pierre Le Bars est né à Douarnenez en 1965. Il se passionne très tôt pour la photographie qu’il pratique au photo-club à la MJC de Douarnenez puis à Paris où ses recherches personnelles le mènent à arpenter et à photographier la ville la nuit. Photographie urbaine et abstraite qu’il ré-oriente progressivement, à partir de 1994 et son retour en Bretagne, vers un « état des lieux » de l’architecture et des objets les plus communs. C’est à cette époque aussi qu’il commence à peindre. Dès lors, il mène en parallèle ces deux pratiques, cherchant à combiner sentiment d’abstraction et appréhension très concrète du monde.
Les images présentées ici sont issues de pérégrinations à vélo, sortes d’échappées hors de l’atelier pour en trouver un autre, plus vaste et ouvert. Les petites routes communales, les bordures des champs, les arbres, un trampoline abandonné… Quelque chose est en suspens dans ces images, comme une attente ; l’envie peut-être d’un espace immense, qui s’engouffre en ces lieux familiers.
Guy de Malherbe
Guy de Malherbe est né en 1958. Il vit et travaille à Paris et à Poncé-sur-le-Loir, dans la Sarthe. Il a par ailleurs beaucoup fréquenté les plages de la région d’ Houlgate, en Normandie.
« Chaque peinture est un seuil » rappelle l’artiste. Le rectangle du tableau serait une ouverture, une brèche dans un réel vertigineux toujours à découvrir. Il faudrait franchir le pas, s’aventurer. Où ça ? Ici, en ces lieux que nous connaissons mais que nous parcourons à tâtons, sans vraiment voir.
Les petits tableaux « pris sur le vif », ce que le peintre nomme ses matrices ( ventre ou moule, la peinture porte et contient , n’est jamais plane ; nous le savons depuis les cavernes ) c’est une manière de s’imprégner de la nature, d’éprouver la joie pure de la figuration. De préparer les grandes transmutations de l’atelier aussi. Là seront mises en œuvre toutes les ressources de la peinture, jusqu’à côtoyer, dans ces paysages, l’abstraction qui bouscule et révèle une réalité soudain plus vive. Couleurs franches, touche alerte, larges aplats et bandes « raclées » sur toute la longueur des grands formats… Le peintre, par un élan vraiment créateur, semble fouiller à même les falaises, sillonner de son pinceau le sable jaune vif.
Il s’est retiré dans l’espace clos de son atelier pour se mettre au contact direct des éléments, de cette vie qui sourde, enfle et déforme les parois de roche et de glaise.
L’artiste franchit le seuil et nous entraîne à sa suite.
Cette exposition est réalisée en collaboration avec le Centre des arts André Malraux de Douarnenez qui expose, du 20 octobre au 16 décembre 2019, le travail d’Alexandre Hollan et de Guy de Malherbe.
Nous remercions la galerie La Forest-Divonne, représentant ces artistes, pour son soutien et sa confiance.