Arvelaiz-Gordon – Molnar – Nem’s – Ridell – Horvath
 

Maria Arvelaiz-Gordon – Véra Molnar – Judith Nem’s – Torsten Ridell – Laszlo Horvath

Les artistes de la géométrie pure nous font admirer l’ordonnance des formes, des lignes, des équilibres. Certains, par un mystérieux « pas-de-côté », nous ouvrent à une autre perception de l’espace : ils nous entraînent du carré au mouvement, de la courbe à la lumière, de l’œuvre à son absence, le vide.

Par un patient polissage des formes et des structures, exerçant leur art de telle sorte que tout semble « venu de soi », ces artistes donnent à la géométrie une éloquence et un souffle à cent lieues de l’aridité d’un plan ou d’une  mise au carreau. Rien d’enfermé, rien de contraint : le champ plutôt que la forme, l’élan plutôt que la vitesse, la relation et le rythme plutôt qu’une mise en place définitive.

La galerie Plein-jour est heureuse de présenter à l’automne 2015 les travaux réunis de cinq artistes particulièrement représentatifs de cette géométrisation rigoureuse, sensible et habitée.

Cette exposition a reçu l’amical soutien de Catherine Topall et Alain Clavier, de la galerie Aller-Simple à Longjumeau.

Maria Arvelaiz-Gordon

Maria Arvelaiz-Gordon

Maria Arvelaiz-Gordon

Née au Venezuela. Etudes artistiques à l’Ecole des Beaux-Arts de Caracas. En 1970, a poursuivi ses études à la Chelsea School of Art, Londres. Diplômée en « Art and Design ». Depuis 1980 travaille et vit à Paris.

A participé à diverses expositions en Europe, notamment en Allemagne (Galerie Konkret Sulzburg ) et en France (Salon des Réalités Nouvelles, Paris), en Australie, en Amérique du Sud et aux Etats-Unis (Musée de Géométrie de Dallas, Texas )

« Dans la surface plane et lisse du plexiglas, j’introduis de fines tiges de fer qui font apparaître rectangles et carrés qui se croisent, se chevauchent en produisant de nouvelles perspectives. Je perce le plexiglas, car il est un composant de l’œuvre. Ainsi, tout est lié et cette symbiose des matériaux fait surgir l’imprévu et donne lieu à une image visuellement ambiguë avec un mouvement rythmé de lumière et de couleur. »

Maria Arvelaiz-Gordon, par le biais d’un procédé visuel particulièrement original et abouti, entre netteté et surfaces voilées, forme et informe, nous plonge dans une « matière » picturale bien à elle, concrète et immatérielle, dynamique comme un flux coloré. La lente conception, la patiente réalisation étonnamment se dissipent ; l’œuvre vit de sa propre autonomie et nous surprend.

Véra Molnar

Véra Molnar

Véra Molnar

Née à Budapest en 1924, où elle suit des études d’art de 1942 à 1947, Véra Molnar s’installe à Paris un an plus tard. Les recherches qu’elle conduit dès 1969, concernant les implications de l’ordinateur et des algorithmes dans l’art, la placent parmi les précurseurs.

La reconnaissance internationale dont son œuvre fait l’objet se traduit par d’importantes expositions : Moma de New-York, Centre George Pompidou de Metz …

Quelques pans de gris ou de couleur qui s’entrecroisent : d’où vient ce sentiment léger de monumentalité, ce « peu » qui semble ne jamais finir, dans le recommencement incessant des formes ? Papiers découpés, alphabet et nombre structurent un espace poétique.

Ici des brouillards ; là une ligne brisée qui circule de murs en murs ; carrés inédits ; interstices et trapèzes ; tentation de la couleur.

L’art de Véra Molnar ne peut se réduire à la description. L’exercice de la rigueur, l’aspect méthodique et combinatoire de son travail n’ont pas asséché le propos, bien au contraire : ses œuvres procèdent de la profusion et de la liberté.

Judith Nem’s

Judith Nem’s

Judith Nem’s

Née à Budapest en 1948, elle se partage entre ses trois ateliers de Paris, Delft et Budapest. Peintre, elle travaille l’électrographie, l’art informatique, la sérigraphie, l’édition, le Post-Mail-art. Elle participe à des expositions internationales dans le cadre du mouvement Madi. En France, son travail est présent à la Galerie Akié Arrichi (Paris), Aller-Simple (Longjumeau), L’Atelier (Lyon) …

Il ne suffit pas à Judith Nem’s de maîtriser la composition orthogonale. Par le jeu des permutations, en une sorte de ré-utilisation permanente, « cent fois sur le métier, elle remet son ouvrage ».

Sur des colonnes, des formes découpées, évidées, des pliages ou simplement des toiles, viennent se fixer ces constructions dynamiques et chatoyantes, très justement posées là.

Coloriste spontanée, Judith Nem’s nous invite à redécouvrir la nature.

Torsten Ridell

Torsten Ridell

Torsten Ridell

Né en Suède ( Malmö) en 1946, il étudie l’art en Suède et à Paris, de 1970 à 1982. C’est entre ces deux pays que se partage toujours son activité. Comme Véra et François Molnar qu’il rencontre dès les années 70, il conduit d’intenses recherches concernant les applications artistiques de l’ordinateur.
Expositions internationales dans le cadre du mouvement Madi, en France, en Suède, en Allemagne, en Hongrie…

L’art peut approcher l’invisible ; mais le projet de Torsten Ridell semble plus radical encore. Ce choix, sortir d’une direction concrète, construite et systématique, aboutit à l’art numérique en suivant l’enseignement de Frank Popper. Il affirme une prédilection pour la ligne.

Sa rencontre avec Carmelo Arden Quin et le mouvement Madi le libère de la « camisole de force » carrée du châssis traditionnel. Des dessins réalisés avec l’assistance de l’ordinateur aux acryliques sur bois marquées d’une géométrie apparemment venue d’ailleurs, l’œuvre de Torsten Ridell ouvre la voie d’une connaissance autre.

Laszlo Horvath

Laszlo Horvath

Laszlo Horvath

Laszlo Horvath, né à Budapest en Hongrie, vit et travaille en France. Il est cinéaste, réalisateur de documentaires sur le théâtre, la danse contemporaine, des artistes mais aussi des artisans notamment des métiers en rapport avec la mer. Depuis 2013 il travaille essentiellement comme photographe.

« Je n’ai pas véritablement de « sujet » sinon une attirance pour les formes géométriques. Seulement, qu’est ce qui n’est pas géométrique ? Je soigne particulièrement la composition, plus précisément : je cherche à définir le cadre de l’image en éliminant le plus possible les éléments inutiles à la structure. Dans le cas des photos d’architecture je vais souvent dans les détails, sur les couleurs, les formes, les contrastes caractéristiques qui font que même les images les plus minimalistes sont reconnaissables d’évidence.  »

Sans doute son passé de documentariste a-t-il, presque à son insu, conduit Laszlo Horvath à restituer de toute image son substrat géométrique et à rendre compte, simultanément, d’une architecture habitée. Il n’y a personne, mais nul ni rien ne manque : le souffle du vent, le soleil, les petites vies cachées … La planche et l’acier font banc, la vitre miroir, le béton brut une matrice en plein ciel … Nul besoin de visiter ces lieux : par les photographies de Laszlo Horvath, nous y sommes.