Barbier – Coville – Loc’h – Poulot
 

Gérard Barbier – Jean-Marie Coville – Jean-René Loc’h – Jean-Marie Poulot

Ils sont quatre, debout au bord d’un monde dont Jean-Marie Poulot n’est plus et qu’ils tirent à eux avec leur patience d’artistes pour donner présence à leurs gestes.

Gérard Barbier, avec ses crayons de couleur, tend des câbles et dirige les manœuvres d’encombrantes remorques venues installer ses fêtes foraines. Il maîtrise un art qui organise l’espace et fait éclater les teintes en ordonnant savamment les mélanges. La joie est une affaire à prendre au sérieux!

Jean-Marie Coville, avec son stylo, brode des îles aux formes organiques. Point après point, faisant chemin avec circonspection, il les laisse apparaître en cartographiant leur anatomie. On les croit immobiles avant de s’apercevoir qu’elles respirent.

Jean-René Loc’h est aussi un arpenteur mais avec les couleurs de ses feutres, dans les chatoiements desquels s’entrevoient comme les vagues d’une étoffe agitée par le vent, piège innocemment tendu au regardeur qui tenterait de trouver un chemin pour conduire son œil.

Jean-Marie Poulot, lui qui s’est absenté, fait vivre la surface par tous les moyens : stylos-plume, feutres, crayons de couleur, collages, frottages, empreintes, qu’il utilise avec justesse et pertinence pour donner présence à des êtres singuliers ou convier hommes et bêtes à des
congrès colorés.

Le travail de ces quatre, dans la simplicité des moyens qu’ils ont forgés, offre au monde son évidence avec ses ailleurs déroutants qui obligent nos regards souvent trop scellés par les conventions. Ces œuvres sont classées dans la catégorie des œuvres d’art brut, soit (puisqu’il nous faut des catégories) mais laissons à leur présence vive le soin de balayer cette nécessité.

 

Gérard Barbier

Gérard Barbier

Gérard Barbier

Gérard est né le 6 novembre 1954 à Brest. C’est dans cette ville qu’il a grandi. Il aime se remémorer le temps de son enfance passé dans les baraques de Brest où il y vivra avec ses parents et ses six frères et sœoeurs jusqu’à l’’arrivée des résidences HLM. C’’est dans ces baraques qu’il a réalisé ses premiers dessins.

Sa source d’’inspiration provient essentiellement des fêtes foraines pour lesquelles il voue une réelle fascination. Les forains s’’installaient non loin de chez lui, dans le quartier du Bouguin à BREST. Il aimait y passer son temps libre pour observer le défilé des camions et l’’installation des chapiteaux.
Bien que le dessin reste le passe-temps de prédilection de Gérard, il aime également jouer du synthé et chanter. C’est majoritairement le soir que Gérard se plonge dans la réalisation de ses dessins, sans regarder les heures défiler.

En attendant l’’approche de sa retraite, Gérard occupe deux journées de sa semaine en Atelier ESAT où il travaille depuis 1972. Il a commencé en atelier poterie où il y fabriquait des vases et des moules pour différents magasins. Il a également travaillé en atelier bois. Il conclut désormais sa carrière dans un travail de prestation de services aux entreprises, autrement nommé « sous-traitance ».

Jean-Marie Coville

Jean-Marie Coville

Jean-Marie Coville

Jean-Marie est né à Mureau (78) en 1958.

Aujourd’hui il habite Poullan et travaille en sérigraphie à l’ESAT Kan Ar Mor DZ depuis 23 ans. Cet atelier reçoit fréquemment des artistes pour la réalisation d’estampes et les travailleurs sont très proches de différentes démarches artistiques, ce qui favorise les envolées de crayon ou de couleurs de certains, qui y sont encouragés lorsqu’ils peuvent profiter « d’un temps mort » ou en font un loisir chez eux, ce qui est le cas de Jean-Marie.  H.Guilly

Jean-René Loc’h

Jean-René Loc’h

Jean-René Loc’h

« Jean- René est une personne discrète, qui parait fragile. Mais il n’en n’est rien, c’est un homme qui sait ce qu’il veut. Il est d’un naturel très sociable et s’adapte à toutes les situations. Il est accueilli à l’accueil de jour de Ker Odet, association Kan Ar Mor depuis 10 ans. C’est là que l’équipe a découvert son talent. Depuis il réalise des œuvres régulièrement qui ne restent jamais longtemps dans notre structure. Les connaisseurs se disputent ses productions.

Le soir Jean-René rentre chez lui, dans le Pays Bigouden, où il retrouve sa mère. C’est le second d’une famille de 5 enfants. Jean-René est né dans une famille très aimante et qui l’encourage dans ses créations. C’est un artiste dans l’âme. Il fait ça depuis toujours. Chez lui, Jean-René aime faire des créations éphémères sur la table de la cuisine notamment avec des bouchons ou des boutons.

Il est très sensible aux couleurs qu’il choisit, il n’y a pas de hasard. C’est un moment qui lui appartient. Il aime être au calme, parfois seul, lorsqu’il est en pleine création. »

Jean-Marie Poulot

Jean-Marie Poulot

Jean-Marie Poulot

1963 – 1993

Douarneniste, Jean-Marie Poulot a laissé le souvenir d’un être de panache et de fantaisie, de secret aussi : son œuvre picturale, réalisée dans l’intimité de sa chambre, ne sera exposée et admirée qu’après sa disparition, une première fois aux Ateliers d’Art de la ville de Douarnenez en 1999 puis, en 2001 à la galerie « A la ville d’Ys », d’Audierne.

Ayant quelque peu suivi des études à l’école des Beaux-arts de Quimper, Jean-Marie Poulot ne s’est cependant jamais revendiqué, publiquement tout au moins, d’un quelconque statut d’artiste. Sa pratique pourtant relève d’une recherche très cohérente et dense, ou les thèmes du bestiaire poétique, de la nature, de l’autoportrait se déclinent par des techniques à la fois maîtrisées et spontanées : collages, traits et entrelacements, découpages, empreintes … De ces œuvres se dégage une puissante vitalité, un envoûtement venu de très loin, par delà l’artiste lui même.